Formes de vie, passions du corps et zones anthropiques au cinéma. Yaaba, de Idrissa Ouedraogo. Hommage à Desiderio Blanco

Résumé

En hommage à Desiderio Blanco, grand cinéphile et sémioticien du cinéma exigeant, je dédie cette étude spécifique à l'un des films d'un cinéaste burkinabé, Idrissa Ouedraogo. Ce type de corpus est sans doute éloigné des deux types de corpus de Blanco, celui des grands cinéastes de renommée mondiale des années 1970 et celui du cinéma latino-américain. Mais ce qui nous unit, outre la méthode sémiotique, c'est une conception du cinéma en tant qu’ouverture sur des mondes culturels originaux : sa sémiotique du cinéma, comme la mienne aujourd'hui, est un engagement en faveur de cette ouverture.
Cette étude porte sur Yaaba, un film du cinéaste Idrissa Ouedraogo. Dans ce film, représentatif de la première période du cinéaste burkinabé, toutes les pratiques et interactions corporelles sont ostensiblement de nature passionnelle : gestualité des échanges, contacts affectueux ou agressifs, maladie, sexualité, déplacements, tout est passion et éthique à la fois. Les acteurs transgressent les règles, suivent d'autres qui y contreviennent, résistent, injurient, stigmatisent, menacent, punissent et récompensent. Ces pratiques et ces passions sont observées, surveillées, moralisées, contestées ou encouragées sous le regard d'autres acteurs. La conjonction globale de ces passions corporelles, des propriétés modales des espaces dans lesquels elles se manifestent, ainsi que les choix énonciatifs de cadrage et d'édition configurent des formes de vie et des mondes sémiotiques, dans les quatre sphères territoriales, et anthropique (endotopique, péritopique, paratopique et utopique) : les conflits, les transitions et les compromis entre ces modes de vie donnent corps à la syntagmatique du film Yaaba de Ouedraogo.Cette étude porte sur Yaaba, un film du cinéaste Idrissa Ouedraogo. Dans ce film, représentatif de la première période du cinéaste bukinabè, toutes les pratiques et interactions corporelles sont de nature ostensiblement passionnelle : gestes dans les échanges, contacts affectifs ou agressifs, maladie, sexualité, déplacements, tout est passion et éthique à la fois. Les acteurs transgressent les règles, suivent les autres qui contreviennent aux précédentes, résistent, blâment, stigmatisent, menacent, punissent et récompensent. Ces pratiques et passions sont observées, surveillées, moralisées, questionnées ou encouragées sous le regard d'autres acteurs. La conjonction globale de ces passions corporelles, des propriétés modales des espaces dans lesquels elles se manifestent, ainsi que des choix énonciatifs de cadrage et de montage configurent des modes de vie et des mondes sémiotiques, dans les quatre aires territoriales et anthropiques (endotopique, péritopiques, paratopiques et utopiques) : conflits, transitions et compromis entre ces modes de vie façonnent la syntagmatique du film Yaaba de Ouedraogo.
Mots-clés : pratique corporelle, passion, mode de vie, espace anthropique territorial, monde sémiotique.